Préambule
à la déclaration des droits de l'Artiste
La "Nulture"
L'ensemble des textes
qui vont suivre constitue un préambule à la
"déclaration des droits de l'artiste",
édité une première fois en 1985 -
extraits de La "Nulture" paru en 2005.
L'auteur
a créé ce texte afin qu'il devienne la
propriété de tous.
- La "Nulture !" - (Extraits)
Le public a souvent
une fausse idée de ce qu'est un Artiste. Quand aux
préjugés, ils sont nombreux
Il suffit de
se rendre dans une banque afin justifier son
découvert, pour s'en rendre compte
là,
on s'entend généralement dire "
ah,
oui
je vois
vous êtes un artiste
"
Tout est dans le ton. Selon moi l'Artiste est un individu
capable d'intuitions hors normes. Les Artistes sont des
éveilleurs capables d'imaginer selon le cur et
l'esprit des valeurs nouvelles tant sur la forme que du
point de vue cognitif et de créer ainsi des richesses
impérissables pour le bien de la
société toute entière. Ils sont
capables de concevoir, créer et de réaliser le
Nouveau. Généralement les Artistes sont
universalistes, ils créent en n'excluant personne. Le
soleil ne brille-t-il pas pour tout le monde ?
Ils travaillent plus
que la moyenne des autres personnes, puisqu'il leur arrive
fréquemment d'exercer simultanément plusieurs
métiers. Ils ont un sens esthétique et
éthique développé. S'ils ne sont pas en
quête d'absolu, ils recherchent au moins la perfection
ou ce qui, tant par la forme que le contenu pourra enrichir,
voir révolutionner l'univers social. Ils enseignent
tantôt l'humanisme, le raffinement, tantôt la
pédagogie et la philosophie au travers de leurs
oeuvres.
Qu'est-ce qu'un
Artiste ? L'Artiste est celui qui sait se mettre
lui-même en danger ; par ses choix esthétiques
et éthiques, celui qui choisi de créer ou
d'interpréter une oeuvre dans laquelle il met
consciemment en jeu son imagination, sa personnalité,
sa renommée ou sa cote, envers et contre
tout.
Les Artistes
sont forcément ambitieux, même s'ils ne
l'avouent pas toujours. Ils sont altruistes, ils servent
leurs semblables. Ils sont sincères et
généreux. Ils sont nés pour dire la
qualité, faire la qualité, être la
qualité. Ils sont l'hier, le maintenant et le
demain.
LE COMBAT CONTRE LA
CONFORMITE A LA NORME
L'acte
Artistique plus que jamais est un combat contre la
conformité à la norme. C'est un challenge
éthique et esthétique. Si à l'issue de
cette épreuve, il s'avère que l'Artiste est
vaincu, on assistera au retour d'une espèce de
moyen-âge obscurantiste où la
féodalité de l'argent médiatique
exercera pleine puissance sur la vulnérabilité
de ses otages.
S'il est bon de
défendre " l'exception culturelle ", on n'y
parviendra pas sans d'abord mener un " combat contre la
conformité à la norme !
Si l'on voulait
vraiment défendre " l'exception culturelle " en
France, on n'écarterait pas les uvres qui
offrent au public un contenu, du sens, un univers pensant,
pensé et à faire penser. Imaginé ou
vrai, voir dérangeant !
Rien de tout
cela ne concerne les créatifs ou pseudo artistes,
bien intégrés, ils se satisfont très
bien de la " nulture ".
L'usage que font
créateurs et créatifs de leurs talents est
très différent, c'est pourquoi ils
s'opposent.
L'Artiste veut
gagner des " parts d'amour " et le créatif des "
parts de marché " !
La
créativité est une réduction de l'acte
créateur.
Le
créatif n'est qu'un analyste qui s'adapte aux lois de
marché, contrairement à l'Artiste qui innove
sans s'embarrasser de comptabilité
Les
créateurs sont au ghetto tandis que les
créatifs arpentent les plateaux, la figure
barbouillée du mot " star ".
L'Artiste
créateur est contraint de n'être plus qu'un
créatif s'il veut survivre.
Il doit collaborer !
C'est ainsi qu'un certain nombre d'entre-eux se
défont de leur tunique de lumière pour se
rendre complices de ceux qui les manipulent. Ils " se
laissent entraîner dans une fausse histoire d'amour
dont l'art sort exsangue " dit un journaliste...
N'est-il pas
temps pour les Artistes de sortir de leur réserve et
réagir contre les normes qui leur sont
imposées
? L'heure de faire la distinction entre Créateur et
créatif, entre Amour et vénalité, entre
don de soi et égoïsme ? Le temps n'est-il pas
venu pour l'Artiste de secouer le joug de cette "nulture" ?
que fait peser sur lui un système, dans lequel il
n'est plus qu'un faire-valoir de pub.
Le rôle
que peuvent jouer les artistes dans la société
est de plus en plus restreint, pour passer, il faut "
être au format ".
L'art ne
consiste pas ? obéir aux règles
établies, mais à les transgresser, même
lorsqu'elles sont acceptées par une majorité.
L'artiste digne de ce nom est par essence
anti-conformiste.
Les artistes ne
sont pas faits pour entrer dans des formats, mais pour en
sortir, les dépasser, voire les exploser. Sans
désobéissance il ne peut y avoir
création.
Vouloir à
toute force faire correspondre l'Art à des normes
pour qu'il atteigne un destin futile d'objet de loisir ou
d'accompagnateur de produits de consommation est un crime
contre les principes mêmes de la démocratie et
la liberté d'expression. C'est ignorer l'amour, le
beau, le vrai et le droit.
SOMMES-NOUS EN
DEMOCRATIE OU EN PUBOCRATIE ?
La pub est devenue le
passage obligé pour tous ceux qui envisagent une
carrière artistique. La pub se sert et il n'y a
personne en face pour lui résister, de la
complaisance, c'est tout.
Finalement, le monde
artistique s'adapte a la foire aux affaires au lieu de
préserver son indépendance.
Si l'artiste est
pris entre la culture pub, qui est aussi celle de
l'immédiat, et la culture musée, comment
peut-il rester authentique, audacieux,
généreux et surtout : être utile
à ses semblables ?
Ils sont
nombreux à se recommander des " droits de l'homme "
et de la démocratie pour justifier leurs actes dans
la société. Or, l'Artiste privé de son
droit à l'authenticité est-il un homme
?
Le totalitarisme
qui caractérisait les pays de l'Est, tant
critiqué à l'Ouest, avant la chute du mur de
Berlin, sournoisement s'est implanté sur toute la
planète, sous le masque publicitaire.
Le vrai danger
d'une démocratie est que ses Artistes se laissent
dominer par ceux qui sont dans le " tout pour avoir et rien
pour être " !
La
démocratie pourrait devenir l'idéal politique
le plus abject si elle bâillonnait ses
Artistes.
Si la France
veut conserver son avance en matière de pensée
à haute définition démocratique, elle
doit aller plus haut dans le sens de la libération de
l'expression artistique, qui ne devrait pas s'exercer
seulement dans la direction des Artistes disparus, mais
aussi celle des vivants ! Au reste il ne s'agit pas tant de
protéger les Artistes, que de leur donner les moyens
de s'exprimer sans qu'ils aient pour autant à se
débarrasser de leur authenticité, ni redouter
leur mise à l'écart. Ce souci de protection de
l'authenticité artistique n'incombe pas uniquement
aux ministères, c'est aussi la responsabilité
des Artistes de se prémunir contre les " dangers " de
la " surmédiatisation " internationale.
l'Artiste
à travers son Art est le ciment et l'instrument du
peuple.
L'Art libre est
le meilleur garant de la démocratie.
L'Art est
l'expression du peuple, l'expression de ses libertés,
l'expression de sa volonté de progrès et de
changement.
A travers
l'Artiste le peuple fait entendre sa voix. Un peuple
privé de ses Artistes est un peuple
captif.
Constituer des "
formats ", " audimatifier " cela n'est jamais qu'une
manière déguisée de faire de la
censure.
LA
PUBSY
La "pubsy" a
pour but de convertir la planète entière
à la pubocratie ! Elle fait la propagande d'une
idéologie qui n'est pas forcément celle
à laquelle tout le monde rêve, cependant tout
le monde est contraint de la subir. Le langage publicitaire
se voulant doctrinal et universel, ressemble, en effet,
à s'y méprendre aux campagnes de propagande
qui sous l'occupation influençaient la conscience
collective.
(1 "PUBSY" : ce
néologisme est une contraction de deux mots :
publicité et psychologie. Il fait
référence aux techniques de conditionnement de
l'individu par la publicité, en vue de son
exploitation totale.)
Selon les lois de
marché orchestrées par la "pubsy" tout ce qui
n'as pas reçu l'éloge des médias et
n'est pas passé par le "
télé-tabernacle " est pour ainsi dire
inexistant et n'a pratiquement pas de valeur artistique aux
yeux du public.
De la
publicité, ils sont passés à la "pubsy"
" sans même que nous ne nous rebellions, sans
même que nous puissions nous prémunir contre
l'accoutumance.
Le langage de la
"pubsy" conditionne l'individu à vivre selon l'image
d'un prétendu bonheur; selon un rituel
uniformisé, organisant la vie de telle sorte qu'elle
soit pour tout le monde la même et pour rendre les
individus fidèles aux mêmes valeurs.
LA PUB NOUS EMPUBE
!
La star c'est la
pub !
L'Art entre deux
spots, cela fait désordre.
La pub ne fait
plus pour ainsi dire que la pub de la pub.
La pub s'impose
dans les foyers, contrairement à l'Art, qui lui, est
toujours invité.
LA REVOLUTION
CULTURELLE
Une
révolution culturelle est comme je l'ai dit plus
haut, principalement un " combat " contre la
conformité à la norme. C'est un combat pour le
droit à l'authenticité, à la
différence, au changement. Avec des choix
éthiques et esthétiques, mais on ne
résoudra pas la question en faisant uniquement le
procès des médias, qui souvent ne font que
refléter ce qui existe... miroirs dans lesquels la
pub, n'est finalement qu'un corps
étranger.
On ne peut mener
une révolution sans idéal matériel et
moral. Savoir ce que l'on rejette ne suffit pas il faut
aussi savoir ce que l'on veut, en avoir la vision et que
cette cause soit juste.
Ils se sont
débarrassés des rebelles ; or ce sont ceux-la
les Artistes.
Il faut limiter
le pouvoir de la pub, la contrôler davantage afin
qu'elle soit un service, pas un maître !
Si l'on
considère ce que compte aujourd'hui la planète
comme moyens de communication, est-il acceptable que les
Artistes mettent encore autant de temps à se faire
connaître ? ou que ces moyens fassent obstacle
à l'émergence artistique véritable
?
Si l'Artiste,
pour faire passer son message, " doit " adapter son langage
à celui de la société à laquelle
il s'adresse, cette concession ne doit pas excéder
certaines limites, l'Art ne consistant pas à se
conformer aux habitudes du monde, mais plutôt à
les dénoncer en vue de féconder la
société, de telle sorte qu'elle évolue
et se transforme.
Nous vivons dans
un système qui se veut à la fois le champion
de l'immédiat et de la quantité, que les
créatifs s'entendent fort bien à nous vendre
comme de la qualité. Or, si cela était vrai,
l'exception devrait pouvoir maintenant être la
règle pour confirmer l'Art et ladite " règle "
exclure l'art vulgaire.
L'Oeuvre de
qualité est aujourd'hui la forme la plus subversive
d'Art. Mais seule cette Oeuvre-là résistera
à l'épreuve du temps.
Il n'y a que
l'ART qui soit un luxe. Si l'art est à
réhabiliter, c'est principalement parce que l'artiste
s'est laisser ddépasser par la pub. Les artistes ne
doivent pas se contenter d'être des jouets
médiatiques, ils doivent aussi devenir des
créateurs utilisateurs de médias.
Ils ont voulu
faire de l'Art un produit de consommation ordinaire, un
appât. Mais, ne sachant y parvenir, ils ont
réduit la dimension magique de l'expression
artistique à celle de l'emballage.
Si l'art n'est
une valeur que lorsqu'il est maîtrisé et que
pour en arriver à cette dimension il a besoin
d'être guidé ; l'Art veut aussi que l'ordre ne
soit point l'Art, mais l'ART un Ordre.
L'Art doit retourner
dans la rue, d'où il est issu, s'il veut
renaître puis être à nouveau
civilisateur.
La culture, cela
va de la manière dont on prend son petit
déjeuner le matin à la façon dont on
pilote un engin spatial. C'est ce que l'on crée, ce
que l'on transmet, ce que l'on apprend sur le monde de
l'esprit et ce qu'on lui apporte pour le rendre plus libre.
Quel éditeur peut encore prétendre à
cet idéal s'il ne fait que relater
l'événement ? La littérature doit-elle
s'abaisser au niveau de la chronique ? Où sont les
nouveaux visionnaires, les grands iconoclastes ?
Il faut
séparer la " communication " du domaine
littéraire, sans quoi c'est la fin.
On ne devrait abattre
les arbres que pour publier le génie !
Aujourd'hui, la
vraie utopique c'est de croire qu'en parvenant aux positions
dominantes de la société des loisirs, on
puisse atteindre le bonheur ; comme il était aussi
erroné, dans l'antiquité Egyptienne, de
s'imaginer que pour jouir véritablement de la vie
"éternelle" après la mort, il fallait sur
terre s'être fait bâtir un tombeau confortable
et de grand prix.
Une dictature
commence toujours par censurer la culture, les artistes, les
créateurs, les journalistes.
Si la peur
d'être mis à mort quand " on l'ouvre ", n'est
plus d'actualité, reste la crainte d'être mis
à l'écart et par suite de ne pouvoir
réaliser ses ambitions ! La crainte de manquer le "
bonheur " ! par simple délit d'anticonformisme ! On
en vient alors rapidement à l'auto censure , de
laquelle on passe ostensiblement au conformisme.
Les Artistes de
France ont pour mission de sortir de la tiédeur, de
dire la qualité, faire la qualité, être
la qualité, rien que la qualité.
L'Artiste est
certes un bien de consommation encombrant parce qu'il pense,
fait du sentiment et échappe au système, quand
il devient populaire. Tous les moyens sont alors bons pour
le circonscrire, lui soutirer sa quintessence au plus bas
prix avant qu'il soit rejeté après
usage.
Le public doit
arrêter d'applaudir des choses sans contenu, refuser
de participer à des jeux par lesquels il est
utilisé, puis vendu comme une marchandise.
Les gens ne
doivent plus accepter qu'on les tire au sort, ou qu'on les
achète.
Si l'artiste lui
aussi se conforme, il emprisonne ses semblables au lieu de
les libérer
Acheter un
disque ou un livre, c'est une manière de voter pour
quelqu'un, pour une idée, un modèle de vie, de
cautionner un système.
Tout le monde a droit
à une économie prospère, c'est ce que
tout le monde veut
Tout pour quelques-uns et rien pour
les autres ! c'est là ce dont plus personne ne
veut.
On
ne peut parler des Artistes, de révolution
culturelle, sans d'abord souligner le mécontentement
grandissant des intermittents du spectacle, qui comptent
dans leurs rangs autant d'artistes qu'il est possible d'en
produire sur la scène de France. Les textes de
revendications des intermittents démontrent
clairement combien la pression est forte sur les artistes et
comment sont imbriqués l'un dans l'autre, les Arts et
l'économie du monde en général.
D'intermittents qu'ils étaient, les voici devenu "
inter mutins ", à quand le temps des " inter mutants
La culture ne doit pas
être duale : celle des musées d'un
côté, et celle de l'immédiat de l'autre.
La culture ne doit pas être culturelle, mais,
surprenante, pluraliste, philosophique, dérangeante
pour être vivante.
La culture doit
être l'instrument de tous et générer
tous les genres.
Comment les
créateurs, les auteurs, les penseurs, pourraient-ils
se conformer à des " formats ", s'ils sont uniques,
authentiques, originaux et différents ?
La " pubocratie " a
fait des artistes ses otages et des créatifs ses
complices. Comédiens - chanteurs - compositeurs -
auteurs - épiciers de l'art vendus à la pubsy.
Tous pavoisent sous les sunlight des plateaux interactifs de
Canal Impérial, la figure barbouillée du mot :
star !
Ils se laissent
médiatiser, persuadés de commencer par
là une carrière star'rifiante. Que
j'écris avec deux " A " par humanisme sans doute ?!
Ils se prennent pour des comédiens, pour des
sportifs, pour des Artistes ! Mais leur rêve ne
consiste plus qu' apparaître dans un spot publicitaire
!
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